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Hongrie Les agriculteurs menacent d'encercler Budapest avec leurs tracteurs

BUDAPEST, 23 février 2004 - Des agriculteurs hongrois, craignant de disparaître après l'entrée de leur pays dans l'Union européenne (UE), menaçaient lundi d'encercler Budapest avec leurs tracteurs mardi.

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"Nous attendons au moins 1.000 personnes et plus de 500 véhicules", a indiqué Bela Bagi, l'un des organisateurs de la manifestation. "Les manifestants ont pris place sur des routes à proximité de la capitale où ils ralentissent déjà la circulation en occupant la moitié des voies", a-t-il ajouté. Le président français, Jacques Chirac, termine mardi à Budapest une visite officielle de deux jours en Hongrie.

Plusieurs milliers d'agriculteurs bloquent depuis une semaine des routes du pays avec leurs tracteurs. Il s'agit principalement de producteurs laitiers et d'éleveurs de porcs et de volaille qui affirment être au seuil de la faillite à la veille de l'entrée de la Hongrie dans l'UE le 1er mai.

Ils craignent de ne pas pouvoir résister à la concurrence au sein du marché commun agricole et réclament des subventions au gouvernement de centre-gauche du Premier ministre, Peter Medgyessy, pour soutenir les prix de leurs produits. "Je ne sais pas comment l'UE pourra nous aider", a déclaré Ferenc Jakab, président du syndicat des agriculteurs de Szabolcs-Szatmar-Bereg (nord-est).

Les manifestants font partie du "Magosz", les Cercles de fermiers et de coopérateurs associés à l'opposition de droite, mais aussi des MOSZ, les Associations de producteurs et de coopérateurs agraires liés à la gauche au pouvoir. Les manifestations se poursuivront au moins jusqu'au 28 février dans près de 70 localités du pays si le gouvernement n'assure pas un prix acceptable aux produits agricoles, ont indiqué les protestataires.

Le gouvernement dément que l'agriculture hongroise soit en crise et affirme que les manifestations sont politiques. "Les manifestants ne représentent qu'une minorité", a ainsi déclaré Tibor Szanyi, secrétaire d'Etat à l'Agriculture. "Je trouve de très mauvais goût que des gens protestent contre le gouvernement avec des tracteurs achetés avec les subventions du gouvernement", a-t-il ajouté.

Dans une entrevue diffusée dimanche soir par la télévision publique, le Premier ministre a estimé "le conflit opposait les agriculteurs aux groupes agro-alimentaires internationaux - qui achètent les produits hongrois - et non les agriculteurs au gouvernement." Budapest suit actuellement une politique d'austérité pour résorber le déficit public du pays, qui a atteint en 2003 l'équivalent de 5,8% du produit intérieur brut (PIB). Pour le ramener à 4,6% du PIB en 2004, le gouvernement vient de promulguer une réduction de 185 milliards de forints (environ 709 millions d'euros) du train de vie de l'Etat.

"Si, en plus, nous devons subventionner les agriculteurs, il est clair que ces 185 milliards d'économies pourraient être dépassés", a déclaré M. Medgyessy en mettant en garde contre un tour de vis supplémentaire. Les agriculteurs se plaignent également que la sécheresse de l'été dernier, qui avait touché une grande partie de l'Europe, leur avait causé des dommages "sans précédent" évalués à quelque 100 millions d'euros. Selon le Bureau hongrois des statistiques, quelque 220.000 personnes sont employées dans le secteur agricole, sur une population de 10 millions d'habitants.


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